Les fondements du yoga Yama et Niyama comprennent des règles de comportement universelles qui sont au cœur du développement personnel et de notre relation avec le monde. Ces principes nous aident à envisager le monde non pas comme un lieu hostile, source de peur, de mal et d'anxiété, mais comme un espace délicat, équilibré et favorable à la transformation de notre esprit et à l'atteinte du succès dans notre pratique du yoga. Jour après jour, notre expérience s'enrichit au contact des autres, des animaux et de la nature. Et notre manière d'agir témoigne de notre harmonie intérieure et de notre bonheur. Le monde qui nous entoure est parfait dans les conditions qu'il offre : l'ensemble des éléments naturels est propice à l'existence de la vie. Les êtres vivants créent eux-mêmes des chaînes alimentaires pour assurer leur survie, et non pour le divertissement ou la satisfaction de leurs passions.

Le principe éthique d'ahimsa

Dans son œuvre «Yoga-sutras», le sage Patanjali a présenté dix principes moraux et éthiques. Ce traité est l'essence même de la connaissance du yoga, et différents interprètes pensent que l'auteur a placé les notions les plus cruciales au début et à la fin de son travail. Tout débute avec le principe d'ahimsa, que l'on peut traduire littéralement par ‘non-violence’. C'est une forme d'existence où le pratiquant est libéré de toute expression de malveillance. Il ne cause aucun préjudice aux êtres vivants, que ce soit par la pensée, la parole ou l'action.

En considérant une perspective un peu plus vaste, on réalise que la vie imprègne et se manifeste non seulement chez les humains, les animaux, les oiseaux et les insectes, mais aussi chez les plantes et sur notre planète entière. Une question pertinente se pose alors : dans ce contexte, un monde sans violence est-il réellement possible ?

Tout sur notre planète possède une forme de conscience, qui s'exprime à différents niveaux d'évolution. Par exemple, les arbres ont une conscience plus manifeste que les pierres, et l'être humain une conscience plus développée que les animaux. L'observance d'ahimsa permet de dépasser ces inclinations animales néfastes qui sont innées chez l'homme, et de cultiver la responsabilité et la pleine conscience.

Ahimsa représente une vision de l'évolution, depuis la forme de vie la plus simple jusqu'à l'humain. Ce parcours est exigeant, et il est crucial pour chacun de comprendre l'importance du vœu de ne pas nuire comme point de départ fondamental.

L'adhésion au principe d'ahimsa dote l'être humain d'une puissance incroyable, le nourrit d'une énergie psychique subtile et cultive des qualités telles que la compassion, la tolérance, la maîtrise de soi, l'audace, l'humilité, le respect et l'acceptation.

En outre, la pratique d'ahimsa jette les bases du développement d'autres vertus. En s'appuyant sur la loi universelle essentielle de l'attraction des semblables, on observe qu'avec la pratique d'ahimsa, le monde autour de nous se transforme rapidement. Les personnes agressives s'éloignent de notre entourage ; les événements de notre vie prennent une tournure majoritairement neutre ou positive ; et tout ce qui nous entoure devient moins menaçant.

La non-violence est une règle fondamentale, la pierre angulaire. Sans elle, il est illusoire d'exécuter des asanas avancées et de chercher à pratiquer les étapes supérieures du yoga – tout cela sera inaccessible à cause de l'énergie brute de la malveillance et de l'agressivité qui lient le corps et l'esprit, les privant de leur liberté.

L'application d'ahimsa au quotidien.

Comment intégrer la non-violence dans notre vie de tous les jours ? Avant tout, il est crucial de comprendre que cette attitude pacifique doit se cultiver non seulement dans nos relations avec le monde extérieur, mais aussi profondément en nous-mêmes. C'est cette double dimension qui nous guide vers la connaissance de la Vérité.

La pensée est la manifestation la plus fine et la plus primordiale de la conscience. Elle est le point de départ qui se traduit ensuite dans le monde matériel par nos paroles, nos actes et nos réactions. Ainsi, l'observance d'ahimsa commence en chacun de nous par le rejet des pensées, des sentiments et des émotions négatifs. La colère, la peur, l'envie, le ressentiment sont des chaînes qui emprisonnent l'esprit et empêchent l'énergie pure de la raison de s'exprimer.

Quand une personne contrôle ses émotions en les maîtrisant et en les transformant, elle accumule force de volonté, vertu et humilité – des qualités qui accroissent son potentiel de réalisation de soi. La pratique d'ahimsa purifie la conscience en chassant les fausses croyances et les opinions erronées, la rendant plus réceptive aux énergies élevées.

La pensée, dynamisée par l'énergie, trouve son expression à travers les paroles ou les actes. Alors, non seulement l'esprit et les sens sont engagés dans le processus de réaction, mais aussi le corps physique – notre manifestation concrète dans le monde matériel. C'est précisément à cet instant que se révèle le véritable paysage intérieur de l'individu.

Prenons un exemple simple : si nous sommes en proie à la colère ou à l'irritation, nos pensées seront assaillies d'inquiétude et d'anxiété, et l'adrénaline libérée dans notre sang cherchera à se manifester par une action physique. Dans cet état, une personne risque de ne pas voir qu'elle offense ou rabaisse autrui, qu'il s'agisse d'humains ou d'animaux. Si les hormones s'accumulent sans pouvoir s'évacuer, une situation hors de contrôle peut même dégénérer en violence physique.

La conclusion est simple : l'objectif n'est pas de supprimer notre système endocrinien et la production d'hormones, mais plutôt, grâce à la pratique, de contrôler le flux de nos pensées et d'acquérir de nouvelles réactions sereines face aux stimuli.

Le yoga nous apprend à nous abstenir de toute violence envers nous-mêmes, notre esprit et notre corps. L'essence de tous les exercices yogiques réside dans la recherche d'un équilibre, dans le rejet des excès. Le développement progressif d'une attitude respectueuse envers notre corps physique et notre esprit nous offre la possibilité de cultiver l'amour de soi avec attention et pleine conscience.

Or, comment pourrions-nous manifester la non-violence et l'amour envers le monde extérieur si ces sentiments ne sont pas ancrés en nous ? Il est donc indéniable que tout changement doit initier par une transformation de nos propres qualités intrinsèques.

Le geste le plus direct et le plus simple sur le chemin de l'amélioration de soi est l'abstention de toute nourriture d'origine animale. Le végétarisme est une voie de bienveillance : bienveillance envers soi et envers les êtres vivants possédant une conscience manifeste. Mais même ici, quelques principes fondamentaux méritent d'être soulignés :

  • un changement radical de régime alimentaire peut engendrer des troubles de santé, ce qui représente un manque de respect envers le principe d'ahimsa envers soi-même;
  • le fait d'insister lourdement auprès d'autrui pour qu'il adopte certaines règles et normes alimentaires est une violation de sa liberté individuelle, et donc une forme de violence.

Il serait bénéfique pour chaque individu sur cette terre de se familiariser avec ce principe et, dans la mesure du possible, de l'appliquer. L'intégration de cet enseignement permet de déraciner les sentiments d'infériorité, l'hostilité et la haine. C'est une philosophie de vie qui, de prime abord, peut sembler illogique et improductive dans le contexte moderne, mais la faculté de ressentir de l'empathie et de la compassion envers le vivant marque une nouvelle étape de conscience pour l'humanité.