À l'automne, les rhumes sont de retour. Le yoga, qui prône la prévention plutôt que la guérison, peut aussi venir en aide à ceux qui sont déjà enrhumés. Quelles sont les techniques à privilégier ? Peuvent-elles soigner toutes les maladies ? Et faut-il vraiment faire du yoga quand on se sent mal ?

Peut-on faire du yoga quand on est enrhumé ?

Ceux qui sont familiers des textes védiques connaissent sans doute la Katha Upanishad. Ce texte relate l'histoire de Nachiketa, le fils d'un brahmane, qui se présente devant le roi de la justice, Yamaraja. Ayant manqué au respect dû au fils du brahmane, Yamaraja lui offre, en signe de repentance, de répondre à toutes ses questions. Nachiketa demande alors qui, parmi les humains, sera délivré du cycle des réincarnations.

Parmi ceux qui accèderont au salut, le roi de la mort nomme la catégorie de ceux « qui sont morts en pratiquant le yoga ». On a parfois l'impression que les pratiquants modernes ont mal interprété, ou pris au pied de la lettre, les paroles de Yamaraja : on les voit, gavés de médicaments, s'épuiser sur leur tapis. C'est encore plus regrettable lorsque ce n'est pas un novice, mais un professeur aguerri qui agit ainsi. Nous sommes tous sujets à la maladie, mais la question demeure : « Que faire ? » Faut-il s'accorder un repos ou se rendre à sa séance ?

Les avis médicaux divergent sur cette question, c'est pourquoi nous allons aborder la pratique du yoga pendant une maladie sous deux angles, pour que vous puissiez vous forger votre propre opinion.

Pour commencer, penchons-nous sur un terme spécifiquement yogique : Abhyasa, ou « pratique régulière ». Le très respecté Pattabhi Jois affirmait qu'il n'y a aucune raison d'interrompre sa pratique. Si le rhume est bénin, il n'est pas nécessaire de s'arrêter. C'est une excellente opportunité de manifester sa dévotion au yoga.

Il est établi que toute activité physique stimule la production de leucocytes dans le sang, ce qui renforce le système immunitaire.

Un autre argument en faveur de la pratique : si votre traitement n'implique pas un repos au lit strict, votre médecin vous recommandera sans doute de marcher, et une pratique douce du yoga constituera alors une excellente alternative.

La pratique de pranayamas adaptés saturera votre corps d'oxygène et contribuera à dégager vos voies nasales.

Et qu'en est-il de la position des opposants à la pratique du yoga en cas de rhume ?

En premier lieu, les opposants à la pratique pendant une période de maladie invoquent l'Ahimsa, le principe de non-violence. Ahimsa ne se limite pas à notre personne et à notre corps, elle s'étend également aux autres. Même un simple rhume fait de nous des vecteurs de l'infection, nous risquons de contaminer autrui. Il est important d'y réfléchir avant d'entrer dans votre studio.

Il est déconseillé de se rendre à une séance pour faire preuve de sa force de caractère, car le yoga n'a pas pour but de soumettre le corps à une contrainte excessive, mais plutôt de le détendre et de lui permettre de retrouver son équilibre.

Si vous choisissez de pratiquer, il est impératif de renoncer aux techniques de respiration intenses, telles que Bhastrika et Kapalabhati, afin d'éviter la propagation de l'infection vers les voies respiratoires inférieures.

De nombreux médecins soulignent que l'exercice physique augmente la température corporelle. Or, en cas de maladie, la température est déjà au-dessus de la normale, et la pratique sportive constitue alors une surcharge supplémentaire pour l'organisme.

Par ailleurs, les médecins estiment que même après un rhume bénin, le corps a besoin de temps pour se remettre. Selon eux, le rétablissement complet ne s'opère pas avant 14 jours après la fin des symptômes. Après la maladie, la reprise de la pratique doit être progressive, sans forcer ni se presser, car les asanas peuvent sembler plus difficiles.

Cela étant dit, il est possible d'exécuter avec précaution certaines pratiques de yoga en cas de fièvre, dans le but d'améliorer l'état de santé. Nous aborderons ces asanas plus en détail dans la suite du texte.

Du yoga en cas de rhume : exercices et conseils

Le symptôme le plus courant du rhume est la congestion nasale. Le yoga peut contribuer à dégager le nez et à soulager les symptômes de la maladie. Si vous choisissez de pratiquer pendant cette période, il est recommandé de suivre ces conseils :

  • En cas de migraine, renoncez aux postures inversées et préférez les asanas à quatre pattes. La seule exception est Viparita Karani, qui peut être bénéfique.
  • Si vous sentez le besoin de faire une pause entre les postures, suivez le conseil de Swami Sivananda : allongez-vous simplement en Shavasana.

Voici un enchaînement de yoga spécialement conçu pour le rhume. Avant de commencer, soyez à l'écoute de votre corps et n'hésitez pas à vous accorder des pauses en Shavasana ou en Posture de l'enfant.

Comme pour toute discipline, il est important de vous mettre en condition pour la pratique. Asseyez-vous dans une posture de votre choix, fermez les yeux et concentrez-vous sur votre respiration : sur l'inspiration, votre ventre s'arrondit, sur l'expiration, il s'aplatit. Effectuez quelques cycles de respiration avant de commencer les exercices.

  1. Marjaryasana. La célèbre posture du chat. Maintenez la posture pendant 10 cycles respiratoires pour assouplir la colonne vertébrale en douceur et la préparer pour la suite de la pratique.
  2. Passez en Vajrasana et faites plusieurs cycles respiratoires pour stabiliser votre corps.
  3. Puis, faites Simhasana ou la posture du lion. Sur l'expiration, sortez la langue, tendez-la vers la poitrine, regardez entre les sourcils et respirez par la bouche. Satyananda Saraswati a dit que Simhasana nettoie notre corps et qu'elle doit être pratiquée en cas de rhume pour se soulager.
  4. Passez à la posture Ustrasana. Faites attention aux contre-indications. Mettez-vous à genoux, inspirez, penchez-vous en arrière et essayez d'attraper vos talons avec vos mains.
  5. Ensuite, nous vous recommandons de faire Matsyendrasana de chaque côté du corps et de vous reposer un peu.
  6. Après la pause, faites Paschimottanasana. Le "Gheranda Samhita" affirme qu'il n'y a pas de maladie qui ne puisse être guérie par cet asana.
  7. Si vous vous sentez bien, passez à Viparita Karani.
  8. Ensuite, reposez-vous en Shavasana et passez aux techniques de pranayama.
  9. Agnisara Kriya. Prenez n'importe quelle posture de méditation. Inspirez. Commencez à bouger naturellement votre ventre d'avant en arrière. Lorsque vous n'êtes plus en apnée, arrêtez de bouger et expirez. Ensuite, fermez les yeux et prenez quelques respirations profondes. Puis, faites un deuxième cycle. Cette technique combat les infections et les symptômes du rhume.
  10. Selon votre état, pratiquez Ujjayi Pranayama. Cela aide notre gorge.

À la fin de la séance, allongez-vous en Shavasana et écoutez votre corps. Observez les changements et l'amélioration de votre état.

Il convient de noter que le yoga est un excellent outil de prévention contre les rhumes. Une pratique régulière du yoga peut réduire la probabilité de contracter un rhume de 2 à 3 fois. En général, un instructeur qualifié conçoit une séance visant à fortifier votre organisme.

Si vous souhaitez vous prémunir des rhumes saisonniers, intéressez-vous aux procédures ayurvédiques, dont la plus simple est de vous laver à l'eau froide. Cette "trempe" aura indéniablement un impact positif sur votre système immunitaire.

N'oubliez pas que le yoga ne se résume pas à sa dimension physique. Si vous n'avez pas l'énergie de pratiquer sur votre tapis, lisez des ouvrages sur le yoga, familiarisez-vous avec les textes classiques, découvrez les Upanishads. Écoutez des mantras ou regardez des documentaires. Souvenez-vous que le yoga ne se limite pas aux asanas. Comme le disait Iyengar : "Le vrai yoga commence lorsque vous quittez votre tapis."

Pratiquez la méditation, plongez en vous-même, et vous pourriez y trouver la cause de votre mal. La maladie est une occasion de vous retrouver seul, de mieux vous connaître. Ne la manquez pas, tout en restant ouvert sur le monde. Apprenez-vous, explorez le yoga dans toute sa complexité, changez-vous pour changer le monde autour de vous. Portez-vous bien !

Iyengar a raconté que même après six années de pratique intensive des asanas, Krishnamacharya refusait de lui enseigner le pranayama. Nous avons la chance unique de pouvoir étudier et pratiquer. Ne la manquez pas et restez en bonne santé.